Pas de rencontre Sarkozy-Merkel ce lundi : « je t’aime, moi non plus » ?
La rencontre Sarkozy-Merkel, qui devait se dérouler ce lundi 7 juin à Berlin en début de soirée, a été annulée aujourd’hui vers 15h après un appel de la chancelière à l’Elysée.
La chancelière est, en effet, plus que jamais dans l’eau chaude ! Le président de la république fédérale a démissionné et de nouvelles élections doivent être tenues le 30 juin ; au même moment, sa coalition avec les libéraux bat de l’aile et elle refuse de baisser les impôts (pourtant condition sine qua none de leur fidélité au gouvernement), une désunion pourrait lui faire perdre sa majorité ; de plus, elle doit terminer le plan de dépenses publiques le plus strict depuis la guerre : 11 milliards d’euros seront économisés pour 2011 (40.000 postes sur les 250.000 de l’armée, la Bundeswehr, devraient être supprimés). Les multiples réunions que cela importe monopolisent l’attention de la chancellerie.
Dans ce contexte, la France ne veut pas se désolidariser de la position allemande et attend ses propositions. La rencontre, qui doit fixer les règles de la gouvernance économique européenne, n’aurait de toute manière servi à rien. En effet, les points de vues ne convergent pas : la France veut institutionnaliser l’Eurogroupe (réunion des ministres des finances de l’union) et accessoirement en prendre la direction. L’Allemagne souhaite, elle, durcir les sanctions en cas de non respect des règles du pacte de stabilité (ce à quoi s’est opposé la France, chroniquement déficitaire !) et trouver un mécanisme pour restructurer la dette d’un Etat membre, en clair lui faire faire faillite pour éviter d’avoir à le renflouer comme cela a dû être fait pour la Grèce !
Pour Angela Merkel, la roue tourne et alors qu’elle était à 80% d’opinions favorables en 2008, elle tombe à 40% aujourd’hui. La presse et l’opinion publique l’accusent d’avoir été prise en otage par les Français (Sarkozy, Trichet, Strauss-Kahn) et poussent le candidat de l’opposition pour la course à la présidence. Le président n’ayant qu’un rôle représentatif, en pratique, Merkel n’a pas grand chose a craindre. Mais une telle cohabitation n’est jamais arrivée et pourrait sérieusement l’handicaper politiquement pour les législatives de 2013. Dans ces conditions, s’afficher avec Sarkozy n’est pas la priorité pour Angela Merkel. D’autant plus que même le très sérieux hebdomadaire Spiegel parle de complot Français pour sauver les pays du « club med » : les nations européennes du Sud endettées ! Ambiance…